Retrouver la lumière du printemps, la sensation de chaleur sur la peau, sous un ciel vibrant d’oiseaux me fait reprendre souffle, prête à accueillir les joies à venir.
Les Dames de Brocéliande, notre tout nouveau spectacle, avec Julie Boitte, commence doucement à prendre son envol. Dans la lignée de cette matière de Bretagne foisonnante qui, depuis plus de 1000 ans se raconte et se transforme, en lien avec l’instant, nous avons eu l’envie de partager notre version de l’histoire. De cette plongée fiévreuse dans l’imaginaire arthurien, sous le regard aiguisé et bienveillant de Jeanne Ferron, nous avons imaginé, à l’opposé des rivalités jalouses, la relation positive entre Morgane, la fée et Guenièvre, la reine. Dans ce tissage de motifs et séquences de la légende, nous tenons le fil de notre récit: un lien puissant noué entre la souveraine et la fée. C’est une grande émotion d’oser se placer ainsi, dans la continuité de ceux et celles qui font depuis si longtemps rayonner cet univers, ajoutant notre petit grain de sable à la montagne dorée de la légende. Avec ce récit, c’est la lumière et les tintements qui se propagent à travers les noirceurs et les blessures que nous avons envie de partager. Des séances scolaires se préparent et le 14 juin, nous raconterons une version en plein air au Plateau Avijl, avec ensuite un vin magique pour célébrer ensemble l’été tout proche.
J’ai tant rêvé de toi, la fiction radiophonique, envoyée en festivals à l’étranger par l’ACSR, a été sélectionnée par le UK International Radio Drama Festival qui se déroule du 24 au 28 mars, à Canterbury. Avec un script en anglais disponible pendant les écoutes, la parole de Desnos, mon poète-hippocampe convoqué pour rester debout dans les tempêtes, le cœur ouvert à toutes les étincelles, pourra résonner encore. La fiction poursuit aussi les diffusions sur les ondes des radios et est désormais sur Radiola. Tout cela est une grosse vague d’émotions qui s’enroule autour de moi et me réjouit.
C’est aussi la saison des ateliers. Il y a ceux du Bestiaire, avec Ludwine Deblon, auprès d’enfants d’écoles de Bruxelles, à la rencontre de quelques non humain.es voisin.es avec qui nous partageons le territoire. On les découvre dans les littératures orales mais on part aussi sur leurs traces, dans les parcs et forêts. Avec Ludwine, on se penche aussi sur les biographies animales, au Musée d’histoire naturelle de Tournai, où on rend hommage avec 7 classes de primaires à Miss Djeck, l’éléphante de cirque au destin tragique devenue Trésor de la FWB. Enfin, avec Julie Boitte, c’est la matière arthurienne que l’on a explorée avec des adolescent.es qui ont accepté de glisser avec nous dans cet univers avec une une confiance, une timidité et un investissement qui touchent au cœur.
Un nouveau projet venant des profondeurs arrive me hanter, s’invitant dans mes rêves et me faisant sentir partie d’une communauté ancrée dans le sensible, le vivant. Mais il commence seulement de s’annoncer, auréolé de mystère et de chuchotements.
En parcourant une exposition consacrée aux « femmes du Moyen-âge dans leurs propres mots », thème qui résonne depuis si longtemps dans mon imaginaire, j’ai pu découvrir des manuscrits enluminés d’autrices qui me font rêver mais aussi chartes, documents usuels, traités de médecine et correspondance. C’est la lettre d’Alice Crane à son amie, Margaret Pastor, qui m’a le plus émue. L’idée que ce qui nous reste d’Alice, née il y a 600 ans, est ce témoignage d’amitié, d’une certaine manière, me redonne espoir.
Thankink you of the great cheer that I had of you when I was with you last with all my heart.
Alice Crane