J’ai l’impression que l’été passe plus vite que les autres saisons. Peut-être parce qu’il est si gorgé de sensations contrastées, du tourbillon de la fête aux plages de repos. Cet été-ci ne fait pas mentir cette sensation.

Il y a eu des moments de joie intense. Le premier festival Miss Terre a été le coup d’envoi de cet été: y raconter une bribe de légende arthurienne, sur un lac, dans une vieille barque mosane, c’était comme un enchantement.

Les retrouvailles à Chiny avec Elise Argouarc’h pour A/ENCRER, c’était une fête aussi. Nous nous y sommes rendues d’abord pour une résidence d’artiste, ce qui nous a permis de réaliser une création lumière et aussi une captation vidéo actuellement en cours de montage. Ensuite, le spectacle a été présenté lors du festival, dans une séance où la tendresse était palpable. Le temps de rencontre en bord de scène est précieux et émouvant et les récits continuent de s’y déployer. Le spectacle existe mais n’est pas figé, nous le souhaitons en constante évolution, comme la peau. Le collectage continue donc, avec les nouvelles pistes et une attention particulière aux gens de l’eau, que ce soit celle de la mer, des fleuves ou des rivières. Des collaborations dans le cadre d’actions en « éducation permanente » s’esquissent également. Et Elise revient à Bruxelles en janvier. L’aventure continue.

« Les Alliés », en duo avec Ludwine Deblon, a été présenté au festival de Chiny et à Toutella. Il sera bientôt à Enghien, dans le cadre de Chimères. Ces récits évoquent le lien au cheval et au chien dans tout ce qu’il peut présenter d’éblouissements et de fatalité tendre et douloureuse. Pas étonnant que ce voyage nous emmène jusqu’au mythe.

Les tout premiers jalons des « Biographies animales » ont été posés. C’est Bernard Cogniaux qui en est le regard extérieur et qui nous a déjà aidées à mettre de l’ordre dans une matière foisonnante. Avec Ludwine Deblon, nous tenterons de faire découvrir quelques parcours de vie non-humains, dans toute leur individualité. Mon amour pour le cinéma y trouve quand même l’occasion de s’y déployer, notamment en s’offrant le plaisir gourmand de manipuler des plaques de lanterne magique et de la pellicule super 8!

Alors que je sens venir l’automne, je fais réserve des émerveillements de ces derniers mois.

Ainsi je me souviens avoir marché dans la mer, vers le soleil couchant et puis m’être couchée sur la planche dans l’attente de la vague sur laquelle glisser. En débutante absolue, même si je suis tombée à mi-chemin, en buvant la tasse à plusieurs reprises avant d’y arriver, j’ai aimé chaque moment de cette expérience: j’ai savouré le chant des vagues, la lumière dorée, le sel sur mes lèvres… et je me dis que vivre toutes les choses de cette manière-là, ce serait bon et que c’est à tenter.

J’ai eu aussi la chance de plonger le regard dans celui de Goose, un des loups de la réserve de Chabrières. J’ai eu le temps de me perdre dans ses iris jaunes, nez à nez de part et d’autre du hublot d’affut transparent de la palissade. Et j’ai pensé aux « Alliés », inévitablement…

Ou encore, au cœur d’une expo sur les Rossetti, entre romantisme radical et médiévisme moderne, j’ai croisé une gravure tout droit surgie de la légende arthurienne. Là, c’est aux héroïnes de « Mon sang coule dans tes veines » et à cet autre projet autour des Dames du Lac, aussi avec Julie Boitte, que j’ai songé avec tendresse.

C’est toute chargée de ces vibrations que j’aborde la rentrée. Prête à retrouver prochainement « Les Alliés », « Mon sang coule dans tes veines » et « Fondu enchaîné », ces souvenirs cinématographiques en duo avec Michel Verbeek qui reviennent sur scène pour trois représentations au festival Brin de Causette, saison 2023/24.

Et pour finir, je plonge à cœur perdu dans la création radiophonique de « J’ai tant rêvé de toi », entourée d’une équipe tellement belle que je sais que cela ne peut être qu’un émouvant voyage.

Accepter que chaque minute volatile soit vécue 7 fois plus intensément qu’à l’habitude, c’est se cogner à ce séduisant et vertigineux projet de ne saboter aucun instant et de célébrer la vie de manière forcenée.

cédric sapin-defour, Son odeur après la pluie