Photo: Dominique Bruyneel

Cette année, j’ai presque été tentée de croire que l’été était devenu éternel.

Mais l’automne est bien là. Avec un ciel lourd, l’odeur des feuilles d’arbres qui se mêlent à la terre mouillée et des frissons qui s’invitent sur la peau. J’éprouve l’envie de m’enrouler dans une couverture au coin du feu et de me figer dans l’attente du retour du soleil. Comme souvent, la création et l’amitié viennent m’extirper aussi bien du canapé que de la mélancolie.

Cet automne, je désire le consacrer à l’exploration. Plus que jamais, je veux garder ma fascination pour les mondes qui s’entremêlent et les brèches par lesquelles la lumière peut surgir.

C’est le moment de la première étape « concrète » de la fiction radiophonique autour de Robert Desnos J’ai tant rêvé de toi. Dans un monde qui semble parfois prêt à sombrer dans l’abime, cette histoire ne manque pas de me rappeler qu’il n’y a pas de lumière sans noirceur. Nous avons tenté de réinventer le réel par la magie du bruitage. Dans un lieu magique, le studio Philophon, bakélite, caoutchouc ou lainage peuvent devenir nacre, galets roulants, orage ou la page qui se tourne d’un destin épris de tendresse. En évoquant la pluie, le vent, la flamme, nous invitons à entrer dans la grotte de bal, à glisser à travers le temps. Pour cette grande aventure, je plonge dans des zones de création inconnues mais en belle compagnie. Je savoure chaque instant de ce voyage.

Cet automne est aussi le temps de découvrir et d’apprendre avec la formation Ombres, lanternes magiques et fantasmagorie; une autre image animée, de la Cie des Rémouleurs. À l’époque des écrans numériques, c’est savourer le paradoxe de retrouver parfois la flamme d’une bougie et accepter une manipulation vivante qui laisse la place à l’imprévu, rarement reproductible « exactement ». Après avoir tenté de convoquer la phosphorescence en studio, de façon sonore, je la retrouve évoquée, cette fois pour sa lumière magique.

Lors de ces dernières semaines, des récits chers à mon cœur se sont succédés. Au Festival Brin de Causette, Fondu enchaîné, avec Michel Verbeek, m’a fait retrouver avec tendresse nos souvenirs cinéma. En racontant Les Alliés avec Ludwine Deblon, entre mythes et récits de vie, j’ai été, comme à chaque fois, entraînée sur le chemin du lien tissé avec le chien et le cheval. Avec Julie Boitte, lors d’une séance magique de Mon sang coule dans tes veines dans les pièces mystérieuses du château d’Enghien, nous avons arpenté les couloirs du temps, avec l’impression de sentir nos héroïnes à nos côtés.

Bientôt, ce seront des séances de Passer l’hiver, récit éthologique pour jeune public qui se nicheront dans les salles, bien en accord avec la saison. Et je me réjouis de renouer avec l’énergie savoureuse de la famille blaireau.

Peu à peu, la nouvelle création à venir se révèle et se dessine. Avec Julie Boitte, nous explorons des fragments de la légende arthurienne, plongeant dans cette matière fascinante pour partir à la rencontre de nos Dames du Lac. Là aussi, le voyage s’annonce beau et vibrant.

Prêtez -moi le coeur et l’oreille car la parole se perd si le coeur n’entend pas »

Chrétien de troyes, Yvain ou le Chevalier au lion