Ce printemps restera pour moi marqué d’une ambiance magique.
Partie pour un séjour au Québec, j’ai eu, à mon arrivée, la chance de croiser un lynx arpentant dans la neige son territoire. Évidemment, j’y ai lu un signe de bon augure…
Cela a été la joie des retrouvailles « en vrai » avec Elise Argouarc’h. Entre rencontres, collectage, répétitions avec Stéphanie Pelletier, nous nous sommes plongées dans A/ENCRER. Ce spectacle de récits (mythes, slams, récits de vie) sur le tatouage gardera une forme mouvante, s’adaptant au lieu et à l’instant, en mutation constante, un peu à l’image de notre peau.
Nous avons eu l’occasion de présenter A/ENCRER dans des lieux aux énergies étonnamment diverses. La première a eu lieu dans le cocon intime de la Salle du Clac au Château Landry, parfait pour une douce éclosion. C’était une chance d’y être en spectacle de préouverture du Festival La Crue des Mots.
La salle de concert des Bains Publics, à Rimouski, entrait en résonance avec l’aspect plus rock que peut revêtir le sujet et le festival Slam du Bien le Malt, avec l’énergie de la parole. Mais à chaque fois, c’est la vague de tendresse et de partage pendant et après le spectacle qui nous a accompagnées. Avec des rêves d’édition et un collectage qui se poursuit, nous explorons désormais de nouvelles pistes pour A/ENCRER. La prochaine étape de ce voyage se déroulera à Chiny pour la création lumière et on attend déjà d’être à nouveau réunies.
Il y a aussi eu le Festival littéraire La Crue des Mots. Entre littératures écrites et orales, c’est un surprenant moment de rencontres entre les publics, les artistes et les disciplines. Spectacles, séances scolaires, exposition, table ronde, le programme intense axé sur le thème « Nous, la Terre » se déroule avec la force tranquille de la Crue du printemps. C’est le bonheur des rencontres mêlé aussi d’un pincement au cœur au moment de partir, ingrédient qui permettra la joie des retrouvailles.
Avant cela, « Les Alliés » aussi avait connu sa première représentation en public. Sur le site résonnant d’histoires de la Malagne, à la lueur des lanternes, dans ce moment étrange du chien-loup, évoquer nos alliés, chien et cheval, était tout particulièrement émouvant. L’attente, le lien, l’amour aussi, dans toute sa beauté, son ivresse et ses déchirements sont au cœur de ces récits.
Desnos est, comme toujours, présent dans ces moments où je laisse mon âme partir en promenade. Tout bientôt, pour la fiction radiophonique « J’ai tant rêvé de toi », c’est la réunion de démarrage à l’accompagnement à l’ACSR. Être entourée d’un tel compagnonnage me rassure et m’apaise. Grâce à Monique Michel, « Perdre ta réalité? », le volet scénique, axé, lui, sur le récit de vie et la poésie, esquisse également ses premiers pas.
Enfin, avec une résidence d’artiste pour une création lumière, à l’école de la scène, en compagnie de Julie Boitte et Isabelle Puissant, la reine Alienor et la vampire Carmille pourront bientôt se retrouver.
J’ai parfois l’impression de nager, une écaille d’ondine plantée dans le coeur, à travers les eaux de la mémoire, de l’intime. Eaux parfois troubles, parfois limpides. Mon phare dans ces flots émouvants, c’est décidément le lien, l’émerveillement.
Les lieux où j’ai aimé me façonnent un pays, une cartographie de l’intime, les routes vagabondes de mes attachements
Anaîs Barbeau-Lavalette, Femme-Fleuve