Naïa museum

Cette fois encore, l’automne me prend au dépourvu. La caresse vive du soleil à même la peau me manque. Alors, j’écarte les fantômes de l’été pour plonger à la rencontre de ce qui écarte la mélancolie, donne le souffle.

Il y a des joies simples. La nouvelle affiche des Alliés en fait partie. Elle rend tangibles à la fois la dimension mythique du récit et le lien puissant et sensible qui, parfois, unit un.e humain.e et un chien ou un cheval.

Il y a aussi eu le banc d’essai des Biographies animales avec Ludwine Deblon au petit théâtre Mercelis. C’était un plaisir d’échanger en bord de scène avec les trois classes de primaire invitées. Dans une de mes histoires, un jeune pilote se démène pour que le chien à qui il a sauvé la vie mais qui a aussi sauvé la sienne devienne immortel. Ce jour-là, avec les questions des enfants, c’était comme si la présence de son chien tant aimé planait parmi nous et son vœu avait été exaucé.

Il y a les retrouvailles prochaines avec Mon sang coule dans tes veines lors d’une balade contée au Cimetière de Bruxelles, écrin parfait pour, avec Julie Boitte, convoquer nos héroïnes à travers les brumes du temps. Et toujours en lien avec Mon sang coule dans tes veines, quelque chose s’élabore doucement et nous sommes très impatientes de dévoiler cela prochainement.

Il y a J’ai tant rêvé de toi. La grande aventure de cette création radiophonique s’est vraiment terminée, après de derniers changements pour mieux laisser les voix, les ambiances sonores et les compositions musicales s’épanouir dans leurs espaces ou se mêler dans la houle du récit. Cela me laisse étrange. La gratitude et la tendresse pour les belles personnes qui m’ont entourée tout du long de cette lente élaboration m’accompagnent même si un certain vague à l’âme s’invite cependant quelquefois. Une autre part de l’aventure commence avec les écoutes publiques qui se profilent. La voix du poète -hippocampe et la phosphorescence sont prêtes à résonner à travers toutes les noirceurs.

Les prochaines semaines vont être fort occupées par le rendez-vous fixé avec Nos Dames du Lac, la nouvelle création en cours, avec Julie Boitte. C’est ce moment magique où les signes de leur présence s’invitent de plus en plus régulièrement. Dans l’odeur de cire des bougies, dans la lueur des flammes, échos de lointains bûchers, sous l’écorce d’un chêne centenaire, dans le bouillonnement des fontaines, dans les reflets des miroirs, Elles apparaissent, furtivement encore mais de plus en plus proches. Dans les songes et les brèches du temps, Elles sont là. La fée s’approche de Julie, la souveraine se glisse dans mes pas. Peu à peu, un fil se tend, les bribes de l’histoire se tissent dans le brouillard, le mystère se dévoile, fragmenté encore. C’est comme une errance lors de laquelle nous assistons aux évènements de l’ histoire qui se déroulent sous nos yeux pendant que la charpente du récit se construit. Trois résidences s’annoncent à l’abbaye de Maredsous, au Moulin du Marais (Pôle culturel régional des arts de la paroles du Poitou-Charentes) et à l’Atelier d’Albert (à Wépion) pour nous guider dans ce voyage entre châteaux et forêts anciennes, à la rencontre de Morgane et Guenièvre, ces héroïnes, chacune à la proue d’un monde prêt à disparaitre.

Tant d’émotions et de vertiges! J’éprouve parfois la sensation de tenir mon coeur entre les mains en le sentant battre pourtant dans tout mon être, avec le fil de l’éblouissement qui vibre et qui est le charme protecteur.

Où est passé le cheval? Où est passé l’homme? Où sont passés les donneurs de trésor?
Où sont les sièges de la fête? Où sont les joies du château
Adieu la coupe étincelante. Adieu le guerrier en armure.
Adieu la puissance princière. Voyez comme cette époque a passé,
disparue dans le néant sous le heaume de la nuit, comme si elle n’avait jamais été.

The Wanderer, The Exeter Book