Cette nouvelle année continue de m’emmener sur les rivages du temps.

Lors de l’inauguration des Mémoires parallèles du Malgré-Tout, raconter en présence de la statue d’Iverix, d’un trésor monétaire gallo-romain, de la dépouille d’un lion des cavernes, de tous ces vestiges qui nous avaient entraînées, Ludwine Deblon, l’équipe artistique et moi, dans le passé de la région, a été un moment de grâce. Désormais, ces « Mémoires parallèles » poursuivent leur chemin et se découvrent au Musée, à Treignes, ainsi que sur le site de De Capes et de Mots. Il n’est pas impossible néanmoins qu’elles ne nous entraînent vers des aventures imprévues.

D’autres voyages à travers le temps continuent de me traverser au point parfois de ne plus savoir « quand je suis ».

Il y a Mon sang coule dans tes veines, une balade en duo avec Julie Boitte. Deux héroïnes: l’une issue de la « grande histoire », de ce 12ème siècle qui me fascine, l’autre tirée de la littérature fantastique du 19 ème siècle cher à Julie. Entre ces deux femmes qui habitent notre imaginaire depuis longtemps, d’étranges échos et des interrogations autour de la lisière, de la survie, de l’absence et de l’amour. Prévue pour ruines, forêts, cimetières, rives de lacs et autres lieux incitant à la rêverie, cette balade vient de recevoir une Aide à la création artistique de la Commune d’Uccle. Trois résidences nous permettront de vous la présenter bientôt, notamment au Rouge-Cloître et au cimetière du Dieweg .

Un petit supplément d’âme commence son périple lui aussi.

Rêver Desnos se partage désormais entre une création scénique mêlant récit de vie et poésie et un projet de docu-fiction radiophonique. A travers le temps, à travers les ondes, partir à la rencontre de Robert Desnos comme on se rend à des rendez-vous incertains est une équipée bouleversante. Plus que jamais, je me rends compte de la résonance que ce poète a provoqué dans mon parcours. C’est très émouvant d’écouter en boucle les quelques rares minutes d’enregistrement de sa voix, d’arpenter encore et encore les pages de Corps et biens, de La Liberté ou l’Amour, livres-phares dans les tempêtes.

Il est aussi d’autres rendez-vous en dormance depuis longtemps qui se profilent à l’horizon. Mêlant l’éblouissant vol en piqué de faucons et le souvenir de jardins médiévaux, je rêve qu’ils s’épanouissent prochainement.

Il est des illusions d’optique et des apparitions (…) Je crois aux fantômes. D’invisibles mains ont caressé nos visages.

Robert Desnos