Que des histoires!

renard blanc sur tronc

Catégorie : Promenades contées Page 1 of 3

Grains de soleil

J’ai l’impression que l’été passe plus vite que les autres saisons. Peut-être parce qu’il est si gorgé de sensations contrastées, du tourbillon de la fête aux plages de repos. Cet été-ci ne fait pas mentir cette sensation.

Il y a eu des moments de joie intense. Le premier festival Miss Terre a été le coup d’envoi de cet été: y raconter une bribe de légende arthurienne, sur un lac, dans une vieille barque mosane, c’était comme un enchantement.

Les retrouvailles à Chiny avec Elise Argouarc’h pour A/ENCRER, c’était une fête aussi. Nous nous y sommes rendues d’abord pour une résidence d’artiste, ce qui nous a permis de réaliser une création lumière et aussi une captation vidéo actuellement en cours de montage. Ensuite, le spectacle a été présenté lors du festival, dans une séance où la tendresse était palpable. Le temps de rencontre en bord de scène est précieux et émouvant et les récits continuent de s’y déployer. Le spectacle existe mais n’est pas figé, nous le souhaitons en constante évolution, comme la peau. Le collectage continue donc, avec les nouvelles pistes et une attention particulière aux gens de l’eau, que ce soit celle de la mer, des fleuves ou des rivières. Des collaborations dans le cadre d’actions en « éducation permanente » s’esquissent également. Et Elise revient à Bruxelles en janvier. L’aventure continue.

« Les Alliés », en duo avec Ludwine Deblon, a été présenté au festival de Chiny et à Toutella. Il sera bientôt à Enghien, dans le cadre de Chimères. Ces récits évoquent le lien au cheval et au chien dans tout ce qu’il peut présenter d’éblouissements et de fatalité tendre et douloureuse. Pas étonnant que ce voyage nous emmène jusqu’au mythe.

Les tout premiers jalons des « Biographies animales » ont été posés. C’est Bernard Cogniaux qui en est le regard extérieur et qui nous a déjà aidées à mettre de l’ordre dans une matière foisonnante. Avec Ludwine Deblon, nous tenterons de faire découvrir quelques parcours de vie non-humains, dans toute leur individualité. Mon amour pour le cinéma y trouve quand même l’occasion de s’y déployer, notamment en s’offrant le plaisir gourmand de manipuler des plaques de lanterne magique et de la pellicule super 8!

Alors que je sens venir l’automne, je fais réserve des émerveillements de ces derniers mois.

Ainsi je me souviens avoir marché dans la mer, vers le soleil couchant et puis m’être couchée sur la planche dans l’attente de la vague sur laquelle glisser. En débutante absolue, même si je suis tombée à mi-chemin, en buvant la tasse à plusieurs reprises avant d’y arriver, j’ai aimé chaque moment de cette expérience: j’ai savouré le chant des vagues, la lumière dorée, le sel sur mes lèvres… et je me dis que vivre toutes les choses de cette manière-là, ce serait bon et que c’est à tenter.

J’ai eu aussi la chance de plonger le regard dans celui de Goose, un des loups de la réserve de Chabrières. J’ai eu le temps de me perdre dans ses iris jaunes, nez à nez de part et d’autre du hublot d’affut transparent de la palissade. Et j’ai pensé aux « Alliés », inévitablement…

Ou encore, au cœur d’une expo sur les Rossetti, entre romantisme radical et médiévisme moderne, j’ai croisé une gravure tout droit surgie de la légende arthurienne. Là, c’est aux héroïnes de « Mon sang coule dans tes veines » et à cet autre projet autour des Dames du Lac, aussi avec Julie Boitte, que j’ai songé avec tendresse.

C’est toute chargée de ces vibrations que j’aborde la rentrée. Prête à retrouver prochainement « Les Alliés », « Mon sang coule dans tes veines » et « Fondu enchaîné », ces souvenirs cinématographiques en duo avec Michel Verbeek qui reviennent sur scène pour trois représentations au festival Brin de Causette, saison 2023/24.

Et pour finir, je plonge à cœur perdu dans la création radiophonique de « J’ai tant rêvé de toi », entourée d’une équipe tellement belle que je sais que cela ne peut être qu’un émouvant voyage.

Accepter que chaque minute volatile soit vécue 7 fois plus intensément qu’à l’habitude, c’est se cogner à ce séduisant et vertigineux projet de ne saboter aucun instant et de célébrer la vie de manière forcenée.

cédric sapin-defour, Son odeur après la pluie

Un fil rouge

L’année n’est déjà plus si nouvelle que cela. Les rendez-vous s’inscrivent comme des promesses dans un agenda où plumes, feuilles séchées, dessins et autres trésors commencent de se blottir entre les pages.

La version scénique de « Mon sang coule dans tes veines », en duo avec Julie Boitte, a été présentée, le temps d’un extrait, lors de la Journée professionnelle de Chiny. C’était un grand moment d’émotion de partager avec le public, dans l’écrin d’une salle, notre rencontre avec nos deux héroïnes. Désormais, les deux versions de ce spectacle, la balade et la scénique, vont co-exister. Une nouvelle résidence artistique s’annonce aussi, notamment pour tenter de révéler par le biais de réalisations poético-sonores quelques bribes de récits liées à d’autres moments de vie de nos héroïnes.

« Les Alliés », en duo avec Ludwine Deblon, continue aussi son parcours. Une résidence d’écriture de plateau nous attend bientôt à Chiny, Cité des Contes. On se dirige vers une création à géométrie variable. Une part de chacune des représentations sera intiment liée au lieu où elle se déroule et à ses habitants, attentive au souffle passé et présent de l’endroit. Dans cette création qui mêle la mythologie et le récit de vie à l’histoire de la domestication, nous nous pencherons surtout sur notre lien au cheval et au chien. En particulier, nous nous attacherons à Argos, le chien d’Ulysse et à Xanthos, le cheval d’Achille. Moi, je tenterai de me plonger dans la peau d’Argos, de sentir cette confrontation à l’absence vécue par une mémoire canine essentiellement affective. Et je sens déjà le vertige dans mon coeur.

Le projet de fiction radiophonique « J’ai tant rêvé de toi », consacré à l’histoire d’Ondine et de Desnos et de leurs rencontres à travers les ondes du temps, avance peu à peu… L’écriture de la « partition » s’achève, quelques personnages imprévus s’y invitant à ma grande surprise.

Enfin A/ENCRER est attendu au printemps pour une résidence au CLAC (Carrefour de la Littérature , des arts et de la Culture) au Québec. On ose à peine y croire mais cette fois Elise Argouarc’h et moi devrions nous retrouver « en vrai » sur scène pour partager ces récits de tatouage qui nous font vibrer l’âme et la peau.

Je découvre avec étonnement que ces créations qui pourraient sembler éparpillées me ramènent plutôt toujours vers le même chemin. Que ce soit par vagues ou par échos, à travers la peur de la perdre ou l’émerveillement du souvenir, c’est la mémoire qui souvent s’invite. C’est cette part du coeur qui, avec une tendresse acharnée, ne renonce jamais, qui me porte à travers ces récits.

J’ai arraché une plume de jais de ma coiffe et je l’ai laissée sur son front, pour sa tête, pour un souvenir, pour un avertissement, pour un brin de nuit dans le matin.

Max porter, Grief is the thing with feathers

Au coeur

C’est une période intense que celle-ci où les émotions fortes se succèdent. Il y a des moments de joie si éclatants que j’ai parfois l’impression d’avoir avalé un fragment de ce soleil d’été que j’aime tant.

Le Fonds d’Aide à la Création Radiophonique (FACR) soutient le projet de fiction « J’ai tant rêvé de toi ». Avec également l’appui précieux de l’ACSR (Atelier de Création sonore radiophonique), ce rêve éveillé devient bien tangible. L’histoire d’Ondine, lectrice amoureuse et de Desnos, le poète hippocampe, qu’elle cherche à rejoindre à travers le temps va pouvoir se déployer sur les ondes. Et je suis très, très émue à l’idée de réaliser cette fiction en compagnie de plein de belles personnes.

Début novembre, au festival du RAN (Rencontres archéologiques de la Narbonnaise), le court-métrage « Schmerling, une étincelle de lumière » a été projeté dans la superbe salle du Palais des Archevêques. Et a reçu le prix du court-métrage. Ce film a été réalisé, dans le cadre d’Un Futur pour la Culture, avec Ludwine Deblon et Smala Cinéma à un moment où la Vallée du Viroin était devenue notre seul horizon. Se pencher sur l’Atlas de Schmerling dans la vitrine du Musée du Malgré-Tout, ça avait donné l’envie qu’on s’attarde un peu plus sur ces pages jaunies, œuvre d’un précurseur hanté par ses recherches et un peu oublié. C’était beau d’entendre parler de lui après la projection.

Avec Julie Boitte, on a commencé le travail d’adaptation scénique de « Mon sang coule dans tes veines ». C’est un travail intense où nos singularités se croisent, se rencontrent mais avec la sensation de raconter ensemble. Une résidence de quelques jours à Chiny nous accueille prochainement et nous pourrons partager cela lors de la journée professionnelle de janvier.

Parfois, je me perds. En caressant une ammonite géante, en respirant l’odeur du goémon, en plongeant dans le regard d’un chien, en lisant un poème… Je ne sais plus où est l’ici et le maintenant, traversée par tant de souvenirs, de sensations. Peut-être parce que, voyageuse du temps, je suis toujours tellement touchée par l’éphémère, avec l’envie de contrer l’oubli. Mais quand même, je suis là, avec l’envie de raconter, de partager ces traversées émouvantes.

Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme.Les forêts s’y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés.

Robert Desnos, Á la mystérieuse

Havre d’automne

Livré posé sur une tombe au cimetière de Dieweg

Octobre, déjà…

Les différents projets et spectacles poursuivent leur chemin, se transforment au gré des rencontres et des sensations, comme animés d’une vie propre qui les poussent à s’épanouir à leur rythme.

« Mon sang coule dans tes veines », en duo avec Julie Boitte, expérimente une adaptation scénique. Au début du processus de création, quand nous avons initié ce voyage dans le temps à la rencontre de nos siècles de prédilection, nous avions l’impression que nos héroïnes, si vives et fascinantes, avaient besoin d’espace pour se déployer. Nous pouvions les convoquer mais elles ne tolèreraient aucune entrave: le ciel, un lac, des ruines ou une forêt étaient les lieux où leur énergie puissante pouvait rayonner.

Maintenant, c’est comme si à force de les rencontrer, de vibrer et vivre avec elles, nous avions atteint une connexion plus intime. Nous avons envie d’inviter à embarquer dans notre voyage dans le temps autant en extérieur dans des lieux de mémoire que dans le cocon d’une salle. Nous savons déjà que ce jeu d’échos entre ces deux formes et ces deux énergies sera riche de découvertes et d’émotions. Une résidence à Chiny-Cité des Contes nous permettra d’explorer cela tout bientôt.

Je participe prochainement à un stage d’initiation à la prise de son dans le documentaire radio organisé par l’Atelier de Création Sonore Radiophonique (ACSR) . Une autre façon d’explorer cette fascination pour les ondes qui s’invite en moi. Une façon aussi évidemment de partir une fois de plus à la rencontre de Robert Desnos, de questionner le lien entre « J’ai tant rêvé de toi », fiction radiophonique et « Perdre ta réalité? », récit de vie scénique.

Quant à « Territoires », en duo avec Ludwine Deblon, la première étape: « les Alliés » est inspirée de l’Archéoparc de la Malagne. La création se profile comme un de ces clichés qui, à l’inverse d’un instantané, s’obtient par une très longue exposition à la lumière. Transposé à la littérature orale, on pourrait dire que ça consiste à se laisser imbiber par un lieu à travers le temps, à rêver, à laisser se mêler les sons et les senteurs… Je sais déjà que quelques bribes de récit qui y seront esquissés se développeront pleinement plus tard, dans un autre rêve.

Sinon, il y a « A/ENCRER » qui continue sa récolte d’histoires, se laissant porter par ces pigments qui marquent corps et âmes. Il y aura le plaisir de présenter des séances et animer un débat au Festival Filem’On, il y a les ateliers du Bestiaire Magique qui recommencent et les projections de « Schmerling, une étincelle de lumière » au Festival de la Narbonnaise qui approchent: un archipel d’éclats de joie.

La seule chose qui serait pire que d’avoir été cerné par des sirènes, ce serait de devoir se résigner à l’idée que c’étaient point des sirènes

Dominique Scali, les marins ne savent pas nager

Plongées

L’été est passé, à la vitesse de l’instant, toujours à voyager dans le temps, à rêver, parfois sans tenter de démêler le songe de la réalité. La frontière entre les deux est si mouvante et émouvante qu’il est passionnant d’y trainer.

« Mon sang coule dans tes veines » sera raconté le 25 septembre au Cimetière du Dieweg, à Uccle, et d’autres rendez-vous se profilent dans des lieux enchanteurs. Julie Boitte et moi partageons nos rencontres, à travers nos siècles de prédilection, 19ème siècle gothique et 12ème siècle rayonnant, avec ces héroïnes qui nous fascinent et dont l’énergie nous soutient au quotidien. Et c’est une expérience toujours aussi forte.

Les projets de « Un petit supplément d’âme » poursuivent leurs trajectoires. Avec Elise Argouarc’h, pour A/ENCRER, nous continuons la collecte de récits liés au tatouage. À l’instar des marins présents dans certaines des histoires, nous dressons la carte des étapes de ce voyage à fleur de peau.

Avec Ludwine Deblon, il y a eu une résidence d’artistes à l’Archéoparc de la Malagne. Entre immersion, expérimentations et recherches, celle-ci a permis d’avancer dans ce premier épisode de « Territoires »: « Les Alliés ». Il y sera notamment question de domestication, de mythologie. Ludwine explore avec joie ces temps anciens, renouant avec ses passions archéologiques. Moi, je me plonge dans un regard ambré et me perds, le cœur battant, dans ce lien si vibrant qui nous relie au chien. Les points de vue se rejoignent pourtant, le travail s’annonce intense.

Toujours dans ce cadre archéologique, ça a été une douce surprise d’apprendre que « Schmerling, une étincelle de lumière », le court-métrage d’animation réalisé l’été passé pour les « Mémoires parallèles du Malgré-Tout » dans le cadre d’Un Futur pour la Culture, sera présenté au Festival du film archéologique de Rochefort et est sélectionné en compétition officielle du Festival de Narbonne. Imaginer que l’histoire de ce précurseur un peu oublié puisse être partagée grâce à cela me touche beaucoup.

Quant à raconter Desnos, il s’agit maintenant d’une quête en deux parties indépendantes mais complémentaires. « J’ai tant rêvé de toi », fiction radiophonique, dressera le portrait d’une histoire d’amour imaginaire à travers le temps tandis que « Perdre ta réalité? » envisagera le récit de vie et l’œuvre poétique, dépassant presque l’imaginaire.

Le stage Phonurgia « L’art des comédien.nes au micro » sous la direction de Benjamin Abitan a été une source de réflexion précieuse, une invitation à partir à la découverte du « langage cru » même et surtout si c’est une continuelle remise en question. Un lien vers un des exercices réalisés est disponible dans l’onglet radio.

Sinon, la figure de l’ondine est étonnamment présente dans mon travail ces derniers temps, surgissant parfois là où elle n’était pas attendue. Peut-être parce que plonger dans les récits, c’est comme se laisser porter par la vague, une même manière de savourer des instants suspendus au milieu de tendres écumes.

Chaque vivant reçoit sa propre intensité d’existence à la fois du fait d’en donner à d’autres et du fait d’en recevoir d’autres

Vinciane Despret, Autobiographie d’un poulpe

Ecume d’été

Avec le retour de l’été, c’est le moment où les rêves rayonnent plus fort encore, avec des vibrations solaires et un air de fête.

« Mon sang coule dans tes veines », la balade contée singulière en duo avec Julie Boitte a été racontée pour sa première au Festival interculturel du Conte de Chiny. C’était un moment de grande émotion, avec cette impression d’embarquer dans notre machine à remonter le temps et d’entraîner le public avec nous dans ce voyage vers nos siècles-refuges, auprès de ces héroïnes qui nous portent et nous inspirent. Merci encore à Catherine Pierloz qui nous a soutenues dans cette création, nous encourageant à laisser affleurer l’intime dans ces grandes histoires.

A/ENCRER, le spectacle sur le tatouage en duo avec Elise Argouarc’h a dévoilé sa première étape de travail, sortie de résidence, également à Chiny.
Là où nous aurions dû être deux sur scène, un sortilège puisant ses ressources dans les aléas administratifs et sanitaires a fait que j’étais seule. Mais en fait, pas vraiment « seule ». La voix d’Elise résonnait dans la salle et même si elle était au Québec, je la sentais à mes côtés. La présence bienveillante de notre regard extérieur, Capitaine Plume, était tangible, elle aussi. Ce spectacle mené dans le cadre de « Un petit supplément d’âme », grâce à l’aide au projet du CIAS connaît des débuts d’existence houleux mais avec tant de belles énergies à ses côtés qu’il garde le cap. C’était un instant émouvant et intense. Prochaine escale prévue dans 9 mois, au Québec, avec de nouvelles belles personnes qui nous rejoignenet dans cette intense traversée. D’ici-là, l’aventure et le travail continuent avec collectage, rêve et écriture…

Sinon, c’est un été studieux qui s’annonce. Avec d’une côté, une formation Phonurgia sur la voix dans la fiction radio à Dinard, dans un chateau battu par les vagues, tout près de la Grotte des Fées, un endroit où les frères Lumière ont réalisé leurs premiers essais. Autant d’évocations qui font battre mon coeur à toute allure. Et de l’autre, une résidence de recherche avec Ludwine Deblon pour « Territoires », un autre volet de « Un petit supplément d’âme ». Il sera question de mythologie et de domestication à l’Archéoparc de la Malagne.

Mais là, j’ai le projet de me laisser entraîner par les livres et l’écume, en vous souhaitant un été ivre de petits et grands éblouissements.

« Et la mer au soleil ne supporte que l’ombre que jettent les oiseaux aux ailes déployées »

Guillaume Apollinaire, Calligrammes

« Odeur du temps… »

Squelette de Mégalocéros au Musée de Paléontologie à Paris

Cet été est passé, si vite, si intense, si empli de recherches et de rencontres qu’il semble presque irréel.
Pourtant, un peu comme lorsqu’on s’éveille d’un rêve d’océan, une petite algue étrangement lovée au creux de la main, les projets de ces derniers mois s’ancrent et s’épanouissent.

Le compagnonnage avec le Cedarc, dans le cadre d’Un Futur pour la Culture, est désormais dans la phase de finalisation. Un court-métrage et des capsules sonores ont été réalisées, avec Ludwine Deblon et en collaboration avec Smala Cinéma, pour créer ce « musée imaginaire » à parcourir en parallèle des collections permanentes du Musée du Malgré-Tout, à Treignes. Le court-métrage en particulier retrace la vie de Philippe-Charles Schmerling, dont on peut admirer le merveilleux Atlas des Cavernes. Après avoir passé des mois à récolter des documents, les lire, écrire le scénario, manipuler les superbes marionnettes créées par Ludwine, je me sens désormais étrangement proche de ce précurseur de la paléontologie. Lui avoir prêté ma voix me touche énormément.

Le projet ‘imprévu’, que j’avais évoqué lors des derniers billets, se précise. Il s’agit d’un duo conté avec Julie Boitte. Après deux résidences d’écriture (une à la Ferme rose, l’autre au Théâtre de la Parole) et une résidence artistique à Chiny, Mon sang coule dans tes veines a été partagé en public lors d’une sortie de résidence et lors du parcours d’artistes à Uccle. Nos deux héroïnes, la mienne, issue de l’histoire, de ce 12ème qui me fascine tant et celle de Julie, sortie de la littérature fantastique du 19ème, présentent des points de rencontres et d’étranges échos résonnent à travers leurs parcours. Toutes les deux, en tout cas, font encore vibrer les imaginations. Il y a d’autres résidences prévues au printemps et nous nous réjouissons de vous raconter leur histoire, que ce soit dans des ruines, des forêts, des cimetières ou autres lieux propices à la rêverie. Rendez-vous est déjà fixé en juin, au cimetière du Dieweg…

Le volet Biographies animales du projet Un petit supplément d’âme s’enrichit de nouveaux récits, au fil des rencontres et des recherches. Un coup de foudre pour un thylacine croisé en réalité augmentée lors de l’exposition Revivre à la Galerie de l’évolution de Paris sera sûrement, lui, à la base d’une séance consacrée aux animaux disparus.

Il y a aussi le plaisir de raconter à nouveau nos souvenirs cinéma lors d’une reprise de Fondu Enchaîné avec Michel Verbeek, et celui de retrouver les forêts anciennes de Passages lors de la deuxième édition du Festival Chimères, du 11 au 16 octobre: tout bientôt !

Sinon, entre ateliers et émissions radio, j’essaie de trouver le temps de profiter du soleil d’automne, avec un livre à la main et un thé parfumé, distraite par les déambulations d’un geai des chênes ébouriffé.

Les morts nous obligent à nous déplacer(…) ce sont, à la lettre, des géographes. Ils dessinent d’autres routes, d’autres chemins, d’autres frontières, d’autres espaces.

V.Despret, Au bonheur des morts

De nouveau fleurir

Roxane devant un iguanodon au Musée des Sciences Naturelles de Bruxelles

Cet été se place sous le signe des retrouvailles. C’est la joie de se retrouver lors de « In Situ » ou « Légendaire végétal », des formations qui aiguisent la perception et changent le regard. C’est savourer les nouvelles rencontres, qu’elles soient humaines, végétales ou animales, qu’elles naissent de discussions autour d’un verre ou surgissent au détour d’un sentier, dans le claquement sonore d’une aile déployée. C’est retrouver le plaisir de raconter, en vrai, les yeux dans les yeux!

C’est s’émerveiller de certains signes, nouer un lien avec le liseron, admirer d’un oeil neuf ce brin de genêt présent depuis si longtemps dans certaines des histoires que je raconte.

C’est aussi un été studieux, entre résidences d’écriture, de recherche et de création. Le compagnonnage avec le Cedarc se poursuit et mène vers des temps très lointains, auprès d’animaux préhistoriques disparus dont l’écho hante pourtant encore nos rêves.

Le projet imprévu se tisse peu à peu. Pour moi, cela veut dire plonger dans ce 12ème siècle qui me fascine depuis si longtemps, y croiser le vol de faucons et d’autours, rêver dans leur sillage.

« Un petit supplément d’âme » prend son envol, lui aussi… Des lectures, des rencontres et une résidence de recherche sont au programme de cet été.

D’ici là, je savoure chaque étape, chaque nouvelle rencontre comme une framboise imprévue au hasard d’un chemin.

« Puisqu’on voit de nouveau fleurir
les prés, et les vergers verdis,
S’égayer ruisseaux et fontaines,
Brises et vents;
Chacun doit donc goûter la joie
dont il jouit.

Guillaume d’Aquitaine, traduction Katy Bernard

Vivace

Sceau de Salomon

Cela fait si longtemps…
Comme si d’écueils en échos, le temps s’était déformé.
Ne pas se sentir en dormance pourtant. Plutôt avoir l’impression d’être une plante vivace, le coeur plongé dans le sol, qui résiste, persiste. Prête à surgir, comme l’iris au printemps, impatiente de savourer à nouveau le retour de la chaleur.
Je songe avec joie aux beaux projets qui germent.

Dans le cadre d' »Un futur pour la Culture », De Capes et de Mots s’engage sur le chemin du compagnonnage avec le Cedarc-Musée du Malgré Tout.
C’est une année d’exploration dans le territoire de l’entre Sambre et Meuse qui commence. Cette plongée, parfois à travers des temps très anciens, ouvre à tant de rencontres. Que celles-ci soient humaines, végétales ou animales, peu à peu, elles nous amènent à changer de regard.

Il y a les les émissions « Des récits et des ondes » qui, sur Radio Campus, apportent chaque mois le plaisir des retrouvailles, des partages et des discussions. Cela a été particulièrement précieux lors de ce long hiver.

Un projet né un peu par surprise, ébauché en duo, comme dans un cocon, sera bientôt hébergé lors d’une résidence d’artiste sur un site classé invitant à la rêverie.

Les ateliers du » Bestiaire Magique », de « On se fait notre Cinéma » et « Des Contes et des Ombres » ont bien lieu dans les classes. Il y a eu des bouleversements, des adaptations… Nos rires et sourires sont parfois masqués mais chacun de ces moments a été savouré comme une fête.

Enfin, « Un petit supplément d’âme » a reçu une aide au projet pluriannuelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce projet s’inscrit dans la continuité de la démarche entamée lors d’Animis Mundi. Si Animis Mundi interrogeait le rapport de l’Humain avec les autres Vivants, « Un petit supplément d’âme » se penchera sur ce qui renforce l’envie de vivre, un bagage d’émerveillement pour des temps difficiles. La notion de résilience y est centrale.

Il y aura des spectacles, des ateliers, du collectage,des promenades contées… Trois grands axes se préparent: « Tatouages, histoires dans la peau », « Rêver Desnos » et « Territoire ». Bien sûr, le calendrier du projet est sens dessus dessous! Mais des collaborations passionnantes se nouent, de belles personnes embarquent pour cette nouvelle aventure où traces et cicatrices sont racontés comme autant de bijoux.

Voir un monde dans un grain de sable,
Et un paradis dans une fleur sauvage.
Tenir l’infinité dans la paume de ta main
Et l’éternité dans une heure.

William Blake, « Auguries of innocence »



Souvenirs en vague

éclats de verre polis par les ondes sur une plage

Le rapport au temps continue d’être flou en ces jours étranges.

Je m’étonne du nombre de beaux souvenirs accumulés sur cet intervalle entre deux tempêtes immobiles. Je les garde précieusement, de la même manière que je collectionne les éclats de porcelaine trouvés sur le sable à marée basse, les rêvant rescapés de naufrages lointains.

J’ai eu la chance de raconter dans des endroits magnifiques et habités. La présentation festive des spectacles issus d’Animis Mundi au Musée des Sciences Naturelles de Bruxelles a été une joie un peu miraculeuse. Une séance de conte et broderie à Pierre, Papiers, Ciseaux, des promenades contées dans la Galerie de l’évolution et d’autres dans les Marolles ont rayonné du plaisir des rencontres.

Cela a été une chance aussi d’avoir l’occasion de réaliser la captation de « Passages » à Chiny, Cité des Contes, avec la belle équipe de Smala Cinéma.

Entre soupe , gâteau aux pommes et Orval, il y avait un petit parfum d’évasion ces jours-là.

Les émissions « Des récits et des ondes », avec Michel Verbeek et Luisa Bevilacqua continuent, avec des conditions parfois un peu chaotiques mais toujours avec plaisir. Vous les trouverez sous l’onglet « Radio ».

Là, à nouveau, le temps se met en pause. C’est le moment de plonger dans les recherches, de s’imprégner dans les nouvelles créations, de tenir à ce qui fait du bien, d’expérimenter, d’être éblouie par la saveur des mots de poèmes aimés dans ma bouche ou par la brillance de la carapace d’un coléoptère…

Tenter de rêver, encore!

Je parlais de sommeil à l’instant mais nous n’allons bien sûr pas seulement nous reposer, nous allons aussi nous transformer. Est-ce que je saurai le faire? Est-ce que ce sera difficile?Est-ce que ça signifiera aussi la volatilisation de tous les regrets?

Leena Krohn, Tainaron

Page 1 of 3

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén