En été, quand la chaleur et la lumière se font trop fortes, certains êtres se plongent dans un état d’engourdissement. La salamandre tachetée, le papillon citron, l’ocellé, le triton vert, le crocodile, le crapaud calamite glissent dans la léthargie salvatrice. Au contact de l’eau, en un éclair, la vie reprend. Est-ce que des songes peuplent cette dormance éphémère?
Adossée à un rocher, au soleil, face à la mer, dans un état de quasi estivation, je me suis enfouie dans des lectures. Pages après pages j’ai nourri mes rêveries. Les vagues et les échos de mes ami.es m’ont ramenée en éveil, en attente des beautés à venir.
J’ai tant rêvé de toi, fiction radio autour de Desnos, soutenue par l’ACSR, le FACR et les Amis de Robert Desnos, a été diffusée pour la première fois sur Radio Campus, le 18 juillet, à minuit. C’est à l’automne que vont pleinement s’organiser diffusions, séances d’écoute et mises en ligne. Mais ce soir du 18, il y avait cette première diffusion. Entendre cette réalisation tellement investie par tant de belles personnes propagée sur les ondes, était une nouvelle étape du rêve. J’étais à la mer, face au phare de l’Ile de Batz dont le feu me parvenait par intermittences, la lune presque pleine éclairait la mer. Sous mon gros casque, les ambiances sonores, les musiques, les voix, devenues si familières au cours des étapes de travail, résonnaient. Je savais que des ami.es, à distance, écoutaient en même temps. La gratitude pour ce moment magique vibre encore. Je crois qu’un morceau de mon cœur est resté dans J’ai tant rêvé de toi.
Avec sa tendresse à fleur de peau, A/ENCRER aussi me secoue le coeur et l’âme. En juin, Elise Argouac’h était à mes côtés, à Bruxelles et nos récits tatouages ont pu se mêler pleinement, les échos de la parole de l’une s’étendant à celle de l’autre. Un premier atelier participatif en lien avec le spectacle a éclos, au Théâtre de la Parole, dans une intimité partagée pleine d’émotions. Avec Elise, nous écrivons un article pour le service d’éducation permanente du Théâtre de la Parole et continuons la collecte et le partage de ces récits d’encre et d’épiderme. Au Festival Paroles de Conteur.euses de Vassivière, à la Journée Professionnelle du 23 août, ce sera en duo symbolique qu’A/ENCRER déploiera l’oriflamme de la tendresse à travers nos histoires de tatouages. Elise ne pourra être présente physiquement mais sa voix résonnera et je sais que je la sentirai présente à mes côtés.
Assise, debout, couchée d’Ovidie faisait partie des livres lus durant mon estivation. « Le chien est acteur dans sa relation à l’humain. Lui aussi influence son compagnon bipède, le fait, le fabrique. C’est la raison pour laquelle il faut lui redonner une histoire, de son point de vue. »
Quand, avec Ludwine Deblon, nous travaillions sur Les Alliés, nous explorions chacune un lien puissant noué avec une autre espèce lors de la domestication. Si Ludwine raconte le cheval, la relation au chien s’imposait comme une évidence pour moi. Raconter l’Odyssée, en me plaçant à côté d’Argos, le chien d’Ulysse, avait étrangement fait surgir ma Pénélope. En rêvant le chien assis face à la mer, j’ai trouvé la Reine d’Ithaque blottie à ses côtés. Nous raconterons Les Alliés le 20 septembre, au Dé à Coudre, à Bruxelles et je suis très heureuse de retrouver la vague d’émotions qui l’accompagne.
Enfin, fin juin, nous avons eu la chance, Julie Boitte et moi, d’être accueillies en résidence à Brocéliande, au Centre de l’Imaginaire arthurien. Rencontres et partages ont ponctué notre séjour. La découverte de cette forêt où la légende chante encore a été une source d’inspiration. D’une rêverie à l’autre, entre lectures et recherches, notre future création se nourrit. Nous partons à la recherche de Nos Dames. Nous laissons s’approcher doucement la Souveraine et la Magicienne, attentives aux signes de leur présence. Catherine Pierloz nous aide à les convoquer. La quête se poursuit bientôt.
« Le récit le plus vrai, c’est celui qui préexiste à qui saura l’entendre. Il a déjà pris forme de manière autonome, quelque part en amont. L’histoire peu à peu se laissera dérouler depuis un écheveau invisible à l’œil nu. Il faut être attentive, ne pas brusquer les choses.
Le chant de la Rivière, Wendy Delorme